Les bases du Haïku
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Les bases du Haïku
Le Haïku est un type de poème japonais court, notamment codifié au XVIIème siècle par BASHO. Il est issu de formes souvent chantées et un peu plus longue (les Tanka, de métrique 5/7/5/7/7) qui étaient enchaînés pour former des Renga (chaînes de poèmes enchaînés, chaque auteur composant un Tanka).
Le Haïku dérive ainsi de la première partie (en 5/7/5) du Tanka, dont le but est de rendre l'impermanence des choses avec le maximum de brièveté. En plus de la contrainte métrique de 17 syllabes, le Haïku doit comporter une césure (kireji).
Il en existe 2 formes :
- Le Haïku de saison, qui doit comporter un kigo (mot de saison) évoquant celle-ci, de préférence indirectement.
- Le Haïku de circonstance (muki-Haïku ou Haïku libre).
L’important étant surtout d’exprimer un ressenti ancré dans l'observation de la réalité; les métaphores peuvent être utilisées, mais elles ne doivent pas constituer la ‘base’ du Haïku. Une erreur courante est de vouloir donner au Haïku le caractère d’une pensée, ce qui est à son opposé : Un Haïku n’est pas un aphorisme zen, c’est plutôt l’application à la poésie du 'lâcher-prise' : il doit laisser sentir le détachement de son auteur.
C’est un instantané, qui peut être empreint d’humour, mais toujours de légèreté (karumi). Le Haïku peut inciter à la réflexion, mais l’écho philosophique ne doit être présent qu'en arrière plan. Le langage utilisé est simple, il doit être celui du quotidien et aussi proscrire les effets trop littéraires.
A son origine, le Haïku s’écrivait indifféremment sur une ou sur trois lignes verticales de caractères (kanjis) comportant 17 phonèmes : ce que les poètes occidentaux ont transposé au XIXème siècle (en assimilant ceux-ci à nos syllabes, ce n’est qu’une équivalence approximative) et en privilégiant l’écriture sur 3 lignes.
Exemples :
水尾と波と秋日の一大交響楽
Mio to nami to aki-hi no ichidai kōkyōgaku
Le sillage d’un navire, les vagues, le soleil d’automne… Une grande symphonie.
空蝉の琥珀をつつむ日の名残
Utsusemi no kohaku o tsutsumu hi no nagori
Les derniers rayons colorient d’ambre la mue d’une cigale
Certains considèrent alors que le Haïku doit être traité comme un monostiche (P. Costa, par exemple), certains considèrent que l'on doit faire preuve de souplesse quand aux règles d'élision du e 'final' qui ne s'appliquerait que pour le troisième vers; le 'e' muet n'existant pas en Japonais, la tradition ne peut nous éclairer..., et il semble exister une certaine tolérance à ce sujet. Seule certitude, on ne peut évidemment pas utiliser des règles différentes pour les lignes 1 et 2, ni pour une suite de Haïkus... et dans les concours, la plupart des Haïkus sont construits en suivant la règle de l’élision…
C'est aussi la raison pour laquelle un Haïku ne doit pas à priori être rimé, bien que cela ne soit pas proscrit (ce que certains auteurs considèrent) : la rime n'a évidemment pas de raison d'être pour un monostiche, mais n'est pas plus à proscrire rigoureusement que les homophonies internes dans un vers long comme entre la césure et la terminaison d'un alexandrin... Sur ce point, en revanche, la tradition japonaise nous éclaire : même si les rimes sont minoritaires, elles se retrouvent régulièrement sous la plume des maîtres.
Par exemple; rime 1-2:
De Basho hyakunen no (on a l'impression)
keshiki o niwa no (qu'il a cent ans ce jardin)
ochiba kana (tant de feuilles mortes)
On trouve rarement des 'rimes' sur les 3 lignes, mais cela existe :
De Ryokan nabe migaku (lavant le chaudron)
oto ni magiruru (le bruit se mêle à celui)
amagaeru (des grenouilles vertes)
La difficulté, lorsqu'on débute l'exercice, peut être d'apprendre à apprendre à 'ne pas s'appuyer sur les rimes' pour donner un caractère mélodique au poème.
L'usage veut que l'on utilise la ponctuation en français, mais avec sobriété, alors qu'elle est proscrite en Japonais (mais son rôle n'est pas équivalent).
Il est bon que les soient imprégnés de tranquillité et de simplicité (wabi) et d'usure, de patine (sabi)
Dans le détail, beaucoup de règles et d’astuces peuvent être mentionnées, comme :
- Utiliser les syntagmes nominaux plutôt que les verbes.
- User de mots plutôt anciens que modernes.
- Utiliser la suggestion, les allusions et les symboles.
- Personnifier la nature et les objets.
- Utiliser les comparaisons.
- Faire des jeux de mots...
Plus en détails, voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFku
http://www.haikunet.org/pages/05_petit_manuel_haiku.htm (introduction à un livre) http://www.tempslibres.org/tl/fr/theo/mode02.html (règles)
Chez Verdier, http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-centonze.html on trouve d’excellents petits recueils de maîtres japonais comportant :
- La version originale en japonais (sur une colonne verticale)
- Une transcription phonétique en caractères romains.
- Une traduction en français.
Très pratique pour les apprécier!
Le Senryū est une forme de poésie similaire mais qui met l'accent sur l'humour au lieu de la nature, et où l'auteur se met plus facilement en avant. Il est généralement plus léger que le Haïku, voire carrément grivoise ou satyrique. Sa métrique est aussi de 17 syllabes, souvent 5/7/5, mais est plus souple : 2/3/7/5 est par exemple possible.
Voir : http://villemin.gerard.free.fr/Langue/Senryu.htm
Le Haïku dérive ainsi de la première partie (en 5/7/5) du Tanka, dont le but est de rendre l'impermanence des choses avec le maximum de brièveté. En plus de la contrainte métrique de 17 syllabes, le Haïku doit comporter une césure (kireji).
Il en existe 2 formes :
- Le Haïku de saison, qui doit comporter un kigo (mot de saison) évoquant celle-ci, de préférence indirectement.
- Le Haïku de circonstance (muki-Haïku ou Haïku libre).
L’important étant surtout d’exprimer un ressenti ancré dans l'observation de la réalité; les métaphores peuvent être utilisées, mais elles ne doivent pas constituer la ‘base’ du Haïku. Une erreur courante est de vouloir donner au Haïku le caractère d’une pensée, ce qui est à son opposé : Un Haïku n’est pas un aphorisme zen, c’est plutôt l’application à la poésie du 'lâcher-prise' : il doit laisser sentir le détachement de son auteur.
C’est un instantané, qui peut être empreint d’humour, mais toujours de légèreté (karumi). Le Haïku peut inciter à la réflexion, mais l’écho philosophique ne doit être présent qu'en arrière plan. Le langage utilisé est simple, il doit être celui du quotidien et aussi proscrire les effets trop littéraires.
A son origine, le Haïku s’écrivait indifféremment sur une ou sur trois lignes verticales de caractères (kanjis) comportant 17 phonèmes : ce que les poètes occidentaux ont transposé au XIXème siècle (en assimilant ceux-ci à nos syllabes, ce n’est qu’une équivalence approximative) et en privilégiant l’écriture sur 3 lignes.
Exemples :
水尾と波と秋日の一大交響楽
Mio to nami to aki-hi no ichidai kōkyōgaku
Le sillage d’un navire, les vagues, le soleil d’automne… Une grande symphonie.
空蝉の琥珀をつつむ日の名残
Utsusemi no kohaku o tsutsumu hi no nagori
Les derniers rayons colorient d’ambre la mue d’une cigale
Certains considèrent alors que le Haïku doit être traité comme un monostiche (P. Costa, par exemple), certains considèrent que l'on doit faire preuve de souplesse quand aux règles d'élision du e 'final' qui ne s'appliquerait que pour le troisième vers; le 'e' muet n'existant pas en Japonais, la tradition ne peut nous éclairer..., et il semble exister une certaine tolérance à ce sujet. Seule certitude, on ne peut évidemment pas utiliser des règles différentes pour les lignes 1 et 2, ni pour une suite de Haïkus... et dans les concours, la plupart des Haïkus sont construits en suivant la règle de l’élision…
C'est aussi la raison pour laquelle un Haïku ne doit pas à priori être rimé, bien que cela ne soit pas proscrit (ce que certains auteurs considèrent) : la rime n'a évidemment pas de raison d'être pour un monostiche, mais n'est pas plus à proscrire rigoureusement que les homophonies internes dans un vers long comme entre la césure et la terminaison d'un alexandrin... Sur ce point, en revanche, la tradition japonaise nous éclaire : même si les rimes sont minoritaires, elles se retrouvent régulièrement sous la plume des maîtres.
Par exemple; rime 1-2:
De Basho hyakunen no (on a l'impression)
keshiki o niwa no (qu'il a cent ans ce jardin)
ochiba kana (tant de feuilles mortes)
On trouve rarement des 'rimes' sur les 3 lignes, mais cela existe :
De Ryokan nabe migaku (lavant le chaudron)
oto ni magiruru (le bruit se mêle à celui)
amagaeru (des grenouilles vertes)
La difficulté, lorsqu'on débute l'exercice, peut être d'apprendre à apprendre à 'ne pas s'appuyer sur les rimes' pour donner un caractère mélodique au poème.
L'usage veut que l'on utilise la ponctuation en français, mais avec sobriété, alors qu'elle est proscrite en Japonais (mais son rôle n'est pas équivalent).
Il est bon que les soient imprégnés de tranquillité et de simplicité (wabi) et d'usure, de patine (sabi)
Dans le détail, beaucoup de règles et d’astuces peuvent être mentionnées, comme :
- Utiliser les syntagmes nominaux plutôt que les verbes.
- User de mots plutôt anciens que modernes.
- Utiliser la suggestion, les allusions et les symboles.
- Personnifier la nature et les objets.
- Utiliser les comparaisons.
- Faire des jeux de mots...
Plus en détails, voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFku
http://www.haikunet.org/pages/05_petit_manuel_haiku.htm (introduction à un livre) http://www.tempslibres.org/tl/fr/theo/mode02.html (règles)
Chez Verdier, http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-centonze.html on trouve d’excellents petits recueils de maîtres japonais comportant :
- La version originale en japonais (sur une colonne verticale)
- Une transcription phonétique en caractères romains.
- Une traduction en français.
Très pratique pour les apprécier!
Le Senryū est une forme de poésie similaire mais qui met l'accent sur l'humour au lieu de la nature, et où l'auteur se met plus facilement en avant. Il est généralement plus léger que le Haïku, voire carrément grivoise ou satyrique. Sa métrique est aussi de 17 syllabes, souvent 5/7/5, mais est plus souple : 2/3/7/5 est par exemple possible.
Voir : http://villemin.gerard.free.fr/Langue/Senryu.htm
Dernière édition par PATRICE.T le Ven 20 Déc - 0:54, édité 1 fois
PATRICE.T- Messages : 179
Date d'inscription : 02/11/2013
Age : 62
Localisation : Brest
Re: Les bases du Haïku
Merci Patrice pour ce précieux cour de Haïku.
Très apprécié.
Amitié...jacques
Bonne soirée
Très apprécié.
Amitié...jacques
Bonne soirée
ORPAILLEUR- Admin
- Messages : 273
Date d'inscription : 01/11/2013
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