Complainte de la nature

par Carle Roger Sam 22 Fév - 16:15

L’hirondelle frôle les maisons et chalets
Fait des ritournelles au gros dos des nuages
Oubliant la torpeur maladive et rouillée
D’un hiver passé hors de ce temps sans tapage

Mes doux yeux admirent ce silence éternel
Scrutent le paysage criant sa détresse
Mon cœur vit dans cette cathédrale du ciel
Où prie et pleure la nature qu’on délaisse

Et les bois, les arbres et les bêtes se réveillent
Comme secoués par cette main chaleureuse
Du soleil qui, dans une pitié sans pareil,
A offert ses raies lumineuses et merveilleuses

Mon cœur, sent un malaise latent, soupirant
Qui darde de spasmes naturel et damnés
Quand l’atmosphère embrume d'une haleine puant
L’engorgement d’usines toussant des fumées

Que deviennent les chevreuils et écureuils
Les bouvreuils, lièvres, lapins, loirs réveillés
Quand le spectre financier invite et accueille
Les terres conquises dédiées au bétonné

Vos lobbies admirent ce silence éternel
Lorgnant les bêtes d'un regard abject et froid
Pour fondre sur cette nature sans qu’on les voit
Afin de métamorphoser l’ Eden en stèle

Vous les ravageurs et tueurs médiatisés
Vos baisers bios masquent des profits colossaux
Vous êtes fous sur vos échiquiers, mains crispées
Avides de vertiges, créateurs de tombeaux

Pourquoi détruire cette nature aux envieux
Faut-il s’exaspérer face à la déraison
Qui entête et attise les rêves juteux
Tissés d’or et d’argent sur un fond fallacieux

Le doux temps passe et notre nature soupire
Du caprice et des délires de ces empires
Je l’écoute encore à l’aube en train de gémir
Car les maux des hommes attisent le martyre

La profondeur du ciel et de l’horizon teints
D’un jaune paille et de bleu rempli d’espoir peints
Sur la toile d’amour, en visage serein
Revit et rit dans les yeux des enfants malins

L’hirondelle chante le printemps arrivé
Trisse face au délabrement de la nature
Gazouille au renouveau du dicton chantonné
Par des enfants envieux d’avoir un vert futur